Ulb Coopération Au Burundi
08/05/17

ULB-Coopération au Burundi

Le contexte de la crise burundaise

Depuis l’annonce de la candidature du Président Nkurunziza pour un troisième mandat en avril 2015, le Burundi est plongé dans une grave crise politique. Cette candidature a en effet été contestée dès son annonce par la société civile, par des opposants et par la population, qui jugent qu’elle va à l’encontre de la Constitution ainsi que de l’Accord d’Arusha n’autorisant que deux mandats électifs. Aujourd’hui, le chef de l’État burundais doit faire face à une rébellion grandissante qu’il réprime de manière particulièrement violente (on déplore déjà des centaines de décès). Face à la situation, de nombreux experts craignent que le Burundi ne tombe dans une nouvelle guerre civile.

Le ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo a suspendu le soutien de la Belgique à une série de projets de développement au Burundi. La coopération policière est arrêtée sur le champ. L’arrêt définitif des interventions suspendues et la réorientation des moyens dépendront de l’évolution du dialogue européen avec le Burundi. Les budgets qui se libèrent seront affectés à des programmes en cours, à condition qu’ils améliorent le sort de la population et renforcent les contre-pouvoirs. On pense notamment aux ONG, aux syndicats ou aux organisations d’agriculteur·trice·s. De plus, un programme consacré aux droits de l’Homme, à la bonne gouvernance et à la liberté des médias est en préparation.

Par ailleurs, la Belgique a conseillé récemment à ses ressortissants « dont la présence n’est pas essentielle, de quitter le pays tant que les conditions normales le permettent », en raison notamment de « propos hostiles à la Belgique et des menaces (proférées) à l’encontre des ressortissants belges ».

Nos activités au Burundi

Le centre semencier de Ruzibazi est situé sur la commune de Mukike, dans la Province de Bujumbura rural, à 55 km de la capitale et à une altitude de 2.200 m. Parmi les quatre grands centres semenciers du Burundi, il a été créé en 1992 sur financement du Fond Européen pour le Développement (FED). Il dispose d’une superficie exploitable de 86 ha. Il a pour mission la production de semences améliorées (pomme de terre, maïs et blé), leur conditionnement et leur diffusion auprès des populations. Suite à la crise de 1993, le FED a cessé son financement. Avant sa quasi-destruction, le centre Ruzibazi fournissait aux 22.000 habitants de Mukike des semences de première génération. Les agronomes considèrent qu’une semence peut être cultivée pendant 4 ans, soit 4 générations. Après ce temps, la semence se dégrade et perd de sa qualité et de son rendement.

Les conséquences ont été un ralentissement, voire l’arrêt des activités du centre et la dégradation des infrastructures. Et les paysan·ne·s de la région ont été confronté·e·s à une agriculture pauvre ne fournissant que du blé, du maïs et des pommes de terre de mauvaise qualité en faible quantité.

En 2008, le SLCD a entrepris de réhabiliter ce centre car il s’agit d’un maillon essentiel pour la sécurité alimentaire de la région. Parallèlement, nous avons entrepris d’appuyer près de 60 petites organisations de producteurs des alentours afin de renforcer les compétences en techniques agricoles, fournir d’intrants… afin d’augmenter leurs productions agricoles et leur permettre de dégager des surplus commercialisables et donc des revenus.

Les programmes successifs du SLCD puis d’ULB-Coopération ont ainsi permis :

  • La construction de hangars communautaires de stockage : 3 hangars communautaires, un par zone administrative, ont été implantés sur des terrains publics, jouissant d’une accessibilité aisée pour toutes les associations (proche d’une route et des infrastructures communautaires). Ils sont constitués d’une grande zone de stockage des semences, d’un bureau et d’un magasin (stock intrants et produits phytosanitaires). La commune a cédé les terrains et en cette fin de programme, le SLCD rétrocède la propriété de ces infrastructures à la Fédération des Organisations de Producteurs Agricoles de Mukike (FOPAMU), comme l’exige la Loi belge en la matière.
  • Des dotations de bétail : L’appui se fait sur le principe d’une chaine de solidarité. Dès la première mise-bas, le nombre de têtes données aux associations est restitué au bénéfice d’autres associations. Depuis, le cheptel ne cesse de s’accroître, ce qui permet de produire davantage de fumure organique réutilisée dans les champs multiplicateurs. Actuellement, les associations ont près de 400 têtes de bétail.
  •  La création de la FOPAMU : La politique agricole burundaise et la nouvelle structuration de la filière semencière encouragent les privés et les collectivités locales à intégrer ce secteur. L’État n’est donc plus seul à produire des semences. Le SLCD a décidé d’intégrer cette nouvelle stratégie politique dans le programme d’action du Burundi en orientant son intervention sur la structuration des organisations de producteurs appuyées par le centre semencier. En juillet 2012, le SLCD avait commandité une étude chargée d’identifier les modalités pour la création d’une fédération de groupements de producteurs de la commune de Mukike. C’est ainsi que, à mi-parcours du 2e programme, toutes les associations appuyées par le SLCD se sont regroupées au sein d’une structure appelée FOPAMU Dukorerehamwe. Sa mission principale est l’augmentation de la production agricole et l’écoulement de cette dernière à un prix rémunérateur.            
  • Le développement des pratiques environnementales durables La culture de pommes de terre est très exigeante en intrants chimiques, mais ceux-ci nuisent gravement à l’environnement et à la santé, en plus d’être très coûteux. Pour remédier à cela, ULB-Coopération va encore augmenter considérablement les cheptels de bœufs et de moutons pour produire davantage de fumure organique et développer les pratiques d’agroforesterie en introduisant des arbres fertilitaires dans les champs. Les techniques suivantes seront également promues : digues antiérosives, haies arbustives, respects des rotations et jachères, emploi du paillis et d’autres résidus de cultures, etc.                                                                                                                                                                                                                                                                                               L’amélioration de la condition féminine

Il est reconnu que la sécurité alimentaire passe par l’amélioration du statut de la femme. Le SLCD a fait de « l’empowerment » des femmes un axe majeur de ce nouveau programme. La coopérative a également été dotée de machines  permettant d’alléger la pénibilité du travail des femmes : moulins, égreneuses, batteuses, vanneuses pour le blé, etc.

Conclusion

Nonobstant la situation politique et sécuritaire qui règne en ce moment au Burundi, ULB-Coopération poursuivra ses  actions avec les  paysans et paysannes de Mukike. Abandonner à ce stade serait prendre le risque de mettre en péril les résultats acquis jusqu’à présent. Ce serait également un signal désastreux de la société civile belge à la société civile burundaise.