Charles 1
18/12/24

10 ans d’ULB-Coopération : Charles De Cannière

Charles De Cannière, professeur et ancien président de l’École de bio-ingénierie de Bruxelles, est l’un des grands promoteurs de la coopération à l’ULB. Encadrant de doctorant·es boursier·ères d’Afrique centrale et de l’Ouest depuis 1994 et engagé dans la coopération universitaire depuis 2007 via l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur), il revient pour nous sur le Projet de Recherche pour le Développement qu’il a coordonné au Burkina Faso et l’intérêt d’une ONG universitaire…

Quelle histoire partagez-vous avec ULB-Coopération ?

Remise Des Docs

En 2016, l’une de mes anciennes doctorantes m’a contacté pour savoir si le Laboratoire d’Agroécologie était intéressé par un projet qu’ULB-Coopération allait mener au Burkina Faso. La demande initiale provenait d’une ONG burkinabè, NATUDEV, partenaire local d’ULB-Coopération, qui travaillait depuis plusieurs années dans le domaine de la conservation et de la valorisation de la biodiversité au profit des populations périphériques des grandes réserves nationales de faune.

Cette ONG s’intéressait alors à un continuum d’aires protégées situé dans l’extrême Sud du Burkina Faso, une zone appelée « complexe écologique PONASI », qui fait l’objet de graves dégradations (dans le Parc national de Pô, le Ranch de gibier de Nazinga et la forêt classée de la Sissili mais aussi les villages qui entourent ces aires protégées). Ce complexe écologique est traversé en son centre par un corridor forestier qui permet la migration d’une des dernières populations d’éléphants d’Afrique de l’Ouest.

Plusieurs villages bordent ce couloir, mais leurs habitant·es ont été exclu·es de la zone et privé·es d’y poursuivre leurs activités agricoles. Un projet a donc été octroyé par l’ARES et s’est attaché à voir comment il était possible de combiner la conservation de la biodiversité et le développement local dans ce contexte très particulier d’aires protégées, et ce, en favorisant l’agroforesterie dans les exploitations agricoles limitrophes du corridor de migration et la cueillette durable des produits forestiers non-ligneux à l’intérieur du corridor.

Charles De Cannière Photo Doctorants

Quels souvenirs gardez-vous de ce projet ?

Ce projet a été une aventure tant humaine que scientifique. Il s’est déroulé dans un contexte géopolitique très instable et dangereux mais aussi durant la péri ode du Covid. Les doctorant·es ont donc été soumis·es à rude épreuve. J’ai été impressionné par leur détermination puisque quatre thèses de doctorat ont été défendues à l’Université Joseph Ki-Zerbo et l’Université Thomas Sankara à Ouagadougou. Par ailleurs, le processus de classement du corridor de migration est en bonne voie grâce au travail qu’ULB-Coopération continue à mener sur place. Il devrait permettre aux collectivités locales d’obtenir une plus grande autonomie et d’exercer pleinement leur responsabilité dans la gestion des ressources naturelles de cette zone.

Quelle est la plus-value d’une ONG universitaire ?

Ponasi (158)

À mon sens, une ONG universitaire se doit de développer une partie de ses activités de coopération avec les chercheur·euses et enseignant·es de son Université. L’ONG a en effet tout à gagner d’un partenariat avec la recherche pour établir les fondements de ses projets, et les chercheur·euses ont tout à gagner d’une collaboration avec leur ONG qui dispose d’un vaste réseau de terrain. Si je reprends l’exemple du projet au Burkina, la conception en a été grandement facilitée et la pertinence renforcée grâce aux activités qu’ULB-Coopération y menait. De son côté, l’ONG a pu s’enrichir des connaissances développées grâce aux travaux de recherche menés par les équipes locales et belges, et donc orienter des activités futures sur des bases bien étayées.

Cette façon de faire, mise en œuvre depuis longtemps dans le domaine de la santé, est une marque de fabrique de notre ONG et mériterait d’être renforcée dans d’autres domaines. J’invite vivement les collègues de toutes les disciplines à venir voir ce que leur ONG accomplit et à développer des collaborations via les programmes de l’ARES !