10 ans d’ULB-Coopération : Agnès Echterbille
Agnès Echterbille est infirmière et sage-femme. De retour en Belgique après plusieurs années passées en Égypte et au Sénégal, elle cherche à renouer avec l’Afrique et entre en contact avec le CEMUBAC en 2014, via Erasme Coopération. De 2018 à 2023, elle travaille à Goma pour le Projet d’Appui au Développement Intégré du Système de Santé (PADISS), financé par l’Union européenne, et continue d’appuyer l’équipe sur place depuis lors.
Quel est votre parcours au sein d’ULB-Coopération ?
En 2014, j’ai contribué au projet de renforcement des compétences des sages-femmes dans le cadre de la lutte contre les fistules obstétricales. Par la suite, j’ai
participé aux projets PADISS 1, 2 et 3, où mon principal rôle a été de contribuer à la création du Centre de Formation continue du Nord-Kivu (CFNK) à Goma, en lien avec le
projet de réhabilitation et d’amélioration des soins à l’Hôpital provincial du Nord-Kivu.
Comment s’est passée cette collaboration ?
Les missions courtes que j’ai effectuées à Goma entre 2014 et 2016 m’ont permis d’établir un premier contact humain et professionnel avec les équipes locales d’ULB-Coopération. Grâce à mon expérience antérieure en Afrique de l’Ouest, j’ai pu m’intégrer facilement, même si j’ai vite remarqué les différences en matière de culture et de sécurité. La réalité quotidienne des sages-femmes en RDC et l’insécurité ambiante ont été des éléments nouveaux pour moi. Cependant, l’équipe locale d’ULB-Coopération à Goma, avec leur connaissance du contexte et de la santé publique, a été d’un grand soutien.
Quelle est la place d’ULB-Coopération dans votre cœur ?
Je me retrouve dans les valeurs de l’ULB, que j’avais déjà ressenties à l’hôpital Erasme. Une phrase qui me touche particulièrement est : « À quoi sert-il à l´homme d´avoir une longue vie si ce n´est pour être utile au plus grand nombre ? ». C’est ce que j’ai retrouvé dans les actions d’ULB-Coopération, particulièrement à Goma, où j’ai rencontré des professionnels locaux incroyablement engagés et compétents, malgré les conditions de travail difficiles. Ce fut un vrai bonheur de collaborer avec eux et c’est pourquoi je continue à m’investir, en tant que bénévole.
Est-ce que le travail d’ULB-Coopération est reconnu par les populations ?
Oui, je pense que l’impact est visible, notamment à travers les infrastructures développées, comme l’Hôpital provincial de Goma, que j’ai vu évoluer de 2016 à aujourd’hui. L’hôpital est passé d’un lieu vide et mal entretenu à une structure beaucoup plus fréquentée par les patient·es et mieux organisée. Le personnel a pris conscience de l’importance de l’hygiène de base, et aujourd’hui, les soins sont de meilleure qualité, même si des progrès restent à faire. Les centres de santé médicalisés urbains* et
la reconnaissance de nouvelles professions, comme les kinésithérapeutes et les psychologues, sont également des avancées importantes.
Avez-vous une belle anecdote à nous partager ?
Oui, l’une des plus marquantes est l’histoire de la séparation de deux petites siamoises nées dans un centre au Nord-Kivu. Transférées à l’hôpital provincial de Goma, elles ont été séparées avec l’aide de chirurgiens locaux, soutenus à distance par une équipe en Belgique, notamment d’Erasme et l’hôpital des Enfants Reine Fabiola. L’opération s’est bien déroulée et les petites filles ont pu rentrer chez elles, elles sont en pleine forme aujourd’hui. C’est un bel exemple de coopération internationale réussie, qui n’a pas nécessité de gros moyens financiers, mais a permis de sauver deux vies, grâce à un travail d’équipe et de partage de compétences.
*centres de santé médicalisés urbains sont au cœur d’une recherche-action destinée à tester et à définir un modèle de structure sanitaire qui réponde aussi pertinemment que possible aux besoins des citadins congolais.