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18/12/24

10 ans d’ULB-Coopération : Dominique Perrin

Depuis 2016, l’Agence wallonne de l’Air et du Climat (AWAC) soutient les projets d’ULB-Coopération, dans le cadre de sa politique de financement de solidarité climatique internationale. Conseiller climatique de l’institution, Dominique Perrin nous éclaire sur les atouts de l’ONG… et les défis qui l’attendent.

 

Dominique Perrin

Qu’est-ce qui vous a séduit dans nos projets ?

L’implication de l’AWAC dans les projets de solidarité Nord-Sud date de la COP15 de Copenhague en 2009. À l’époque, les négociations internationales ont abouti au fait que les pays du Nord devaient être solidaires des pays du Sud à travers un programme de financement climatique international, dont le budget devait atteindre 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2020. La Région wallonne a ainsi initié un programme qui s’inscrit dans cet objectif et y consacre aujourd’hui 16 millions d’euros.

C’est dans ce contexte que je me suis retrouvé un jour a une réunion avec les ONG universitaires. Pour un pouvoir public comme le nôtre, il est très intéressant de pouvoir mobiliser à la fois les savoir-faire en matière de coopération et les expertises universitaires dans un domaine aussi complexe et pluridisciplinaire que celui des « pertes et préjudices »1. Vous aviez en outre l’expérience avec l’institutionnel sénégalais et le territoire du Sine Saloum. C’est cet ensemble qui m’a séduit. Un autre élément est apparu au fil de notre collaboration : c’est la place, centrale, accordée à l’humain.

Sur quels projets travaillez-vous en ce moment avec les ONG universitaires ?

Nous travaillons autour des questions qui émergent avec le financement climatique international et malheureusement, puisque l’adaptation au changement climatique ne suffit plus pour préserver les populations et les écosystèmes, nous devons aussi intervenir sur la thématique des pertes et préjudices. Et pour cela, il existe une multitude d’approches : financières, logistiques, culturelles, locales, internationales… La mise en œuvre est complexe et soulève beaucoup de questions. Il est donc nécessaire de travailler à la fois sur le terrain avec des actions concrètes et à travers des recherches universitaires. C’est un domaine très novateur.

Sur quel plan ULB-Coopération peut-elle travailler pour être la plus efficace ?

Ce qui me semble vraiment fondamental, c’est de renforcer vos liens avec les chercheurs, les chercheuses et les universitaires. Dans un monde où on est très loin des objectifs de Monterrey2 et des sommes nécessaires pour la solidarité Nord-Sud, la compétition est dure et beaucoup trop financière. On finit par en oublier les gens qui doivent  en bénéficier.

Quel regard portez-vous sur ULB-Coopération et son évolution et quelles pistes d’amélioration nous suggéreriez-vous ?

Je vous dirais de perdurer dans votre manière de fonctionner en adéquation avec les besoins des pays du Sud. Un autre élément qui me semble important est de générer de l’enthousiasme et de lutter contre les résignations, notamment chez les jeunes en les encourageant à se mobiliser ici ou ailleurs.

Dans les années à venir, il va falloir faire preuve de courage, face aux probables futures coupes budgétaires et à l’éventuelle défédéralisation de la coopération, pour tenir le cap et garder votre identité. Je ne peux que vous inciter à la constitution d’un comité stratégique afin de baliser votre travail.

1 — En matière de changements climatiques, les pertes et préjudices désignent les dommages irréversibles causés par les impacts des changements climatiques, affectant les populations, les écosystèmes et les économies, au-delà des capacités d’adaptation.

2 — Lors de la Conférence de Monterrey en 2002, les pays développés se sont engagés à consacrer 0,7 % de leur PNB à l’aide publique au développement. La Belgique a signé cet accord sans toutefois l’appliquer.