À Goma, la participation communautaire aux soins de santé se (re-)construit !

Dans les projets de coopération en santé, mieux connaître la composition du tissu social et les dynamiques à l’œuvre permet de construire des actions adaptées, réellement ancrées dans la réalité du terrain. À travers les dynamiques sociales, c’est la participation communautaire qu’on observe, et l’on peut alors la travailler, la renforcer, sachant qu’elle est un des fondements d’un système de santé adapté aux besoins. L’objectif ultime est évidemment l’amélioration de la qualité des soins offerts aux populations, notamment en soutenant l’approche patient-partenaire de soins. C’est dans cette perspective que les diverses facettes de notre projet PADISS 2 agissent.

Durant plusieurs semaines, nous avons effectué un relevé méticuleux pour construire une cartographie des acteurs formels et informels du système de santé. 29 enquêteurs ont ainsi parcouru les zones de Goma et Karisimbi, à l’Est de la RDCongo, pour interroger ces personnes.

Quels sont donc les acteurs, plus ou moins reconnus, qui, au quotidien, contribuent au système de santé ?

Outre les structures sanitaires, l’étude a identifié que les leaders communautaires et religieux, les pharmacies, les ONG et associations, mais aussi certains acteurs économiques et producteurs alimentaires sont tous, à certains moments et à des doses diverses, mobilisés. Au total, 360 acteurs ont été recensés. Ceci révèle donc que les communautés participent au système de santé en ayant recours à des portes d’entrée très diverses.

Si les moyens formels mobilisés sont connus, de multiples chemins informels ont fait surface dans le contexte urbain : les personnes échangent problèmes et solutions dans divers sous-groupes de pairs (de jeunes, de femmes…), s’adressent aussi aux mutuelles, aux membres des paroisses, aux écoles, elles peuvent également se tourner vers les leaders locaux et traditionnels. Les informations circulent tant par discussions, débats et formations que par affiches ou feuillets informatifs, émissions radios, réseaux sociaux, etc. Si cette foison est signe d’une richesse du tissu social et un socle sur lequel construire des actions de renforcement, elle peut aussi brouiller les esprits et déformer les messages importants, et, en conséquence, ne pas mobiliser les soins de santé adéquats. En effet, préjugés, stéréotypes et discrimination ont été observés, tout autant que certaines logiques concurrentielles entre les acteurs. Ces éléments constituent des entraves à un système de santé fonctionnel, ils devront faire l’objet d’attention particulière, par exemple dans le cadre de séances de sensibilisation et de formations.

La cartographie réalisée a ensuite été présentée et discutée avec une cinquantaine de représentant·es de structures formelles et informelles actives dans ces zones. L’atelier participatif a permis de croiser les regards quant à l’implication des acteurs (Qui inclure ? Quand ? Dans quel but ? Comment ? Etc.) et les moyens à mobiliser pour informer, communiquer et sensibiliser efficacement avec les usagers des soins. La question de la valorisation des organes officiels de participation communautaire, sous-utilisés, a aussi été débattue.

Un des participants l’exprime : « La participation communautaire c’est une chose très importante, car la population doit participer aux soins. On dit souvent « Ce que vous faites pour moi sans moi c’est contre moi que vous le faites » et donc il nous est nécessaire, en tant que membre d’une structure de soins officielle, d’informer et prendre avis. En plus, mettre nos idées ensemble va permettre de mieux répondre aux problèmes des communautés. »

Tout comme les autres composants d’un système de santé, la thématique de la participation communautaire doit se repenser dans un contexte aujourd’hui urbanisé. Les mécanismes qui étaient opérants dans un environnement rural doivent s’adapter à la complexité actuelle pour répondre aux besoins des populations. C’est précisément ces adaptations urbaines qu’un des volets du projet PADISS 2 aborde concrètement !