Changement climatique : la paille comme moyen d’adaptation ?
Notre partenaire Nébéday s’est lancé dans la création de charbon de paille comme alternative au charbon de bois
Et si la paille devenait un moyen d’adaptation au réchauffement climatique ? Voilà le pari que s’est lancé Nébéday, partenaire d’ULB-Coopération.
Au Sénégal, pays fortement touché par le réchauffement climatique, près de 80% des ménages dépendent du charbon de bois pour l’usage domestique (cuisine, thé, encens, etc.). Malheureusement, ces besoins quotidiens, conjugués aux changements climatiques, exercent une pression croissante sur les forêts et les richesses naturelles du pays. En effet, l’allongement de la saison sèche ainsi que la forte consommation de charbon de bois accentuent les phénomènes de sécheresse, de désertification et d’érosion des sols, favorisant ainsi l’apparition de feux de brousse dans les forêts. Dans un tel contexte, la diversification des sources d’énergie s’avère cruciale afin de garantir le bien-être et la résilience des populations.
Ainsi, à Toubakouta, dans le centre ouest du pays, Nébéday, association sénégalaise de protection de l’environnement partenaire d’ULB-Coopération, s’est lancée dans la création de charbon de paille comme alternative au charbon de bois. Par ce biais, l’association entend contribuer à l’adaptation au changement climatique, à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et à l’amélioration des conditions de vie des populations locales dans la région de Fatick. La paille récupérée dans les forêts constitue une biomasse renouvelable qui permet de limiter non seulement la coupe de bois, mais aussi les feux de brousse, deux phénomènes générateurs de nombreuses émissions de CO2. Par ailleurs, la diminution des feux de brousse favorise la pousse de jeunes plants qui permettent de stocker davantage de carbone.
Enfin, ce biocharbon permettrait de réduire la vulnérabilité des ménages défavorisés sans modifier leurs habitudes : « le charbon n’est pas supprimé, mais est remplacé par un matériau propre et renouvelable » (Clément Sambou, responsable du pôle biocharbon chez Nébéday). Par ailleurs, la fabrication et la commercialisation de ce produit constituent une activité génératrice de revenus pour les femmes de la région. Grâce à la gestion communautaire et participative des ressources de la forêt, les femmes sont actrices et bénéficiaires de la production de ce charbon et adoptent un comportement écoresponsable.
Dans cette région où la forêt constitue le garde-manger et la pharmacie des populations locales, la diversification des sources d’énergie semble donc indispensable pour réduire les pressions exercées sur les ressources naturelles du pays et garantir la résilience et l’adaptation au réchauffement climatique. Difficile de faire changer des habitudes bien ancrées dans la majorité des ménages sénégalais, mais c’est un défi que Nébéday s’efforce de relever par ses nombreuses actions de sensibilisation et par son appui aux groupements de femmes dans la réalisation de ce biocharbon.
Ce projet est financé par la Wallonie – Agence wallonne de l’Air et du Climat.
Charlotte Mauquoy – stagiaire ULB-Coopération