10 ans d’ULB-Coopération : Dominique Mertens, Chantal Potvliege et Myriam De Spiegelaere
Depuis le lancement de notre aventure, Dominique Mertens, Chantal Potvliege et Myriam De Spiegelaere nous accompagnent avec une générosité et un engagement sans faille. Ces trois femmes d’exception ne se contentent pas de croire en nos projets : elles y participent activement, en mettant à notre service leur expertise, leur temps précieux et leur soutien financier. Leur implication est un pilier essentiel de notre réussite, et nous sommes honorés de partager ici leurs témoignages inspirants.
Dominique Mertens
Dominique Mertens est technicienne chimiste en pharmacie. Elle a encadré les travaux pratiques des étudiants et contribué à la recherche tout en travaillant dans la coopération universitaire. Au fil de sa carrière, elle a progressivement pris en charge la gestion administrative, technique et financière de nombreux projets. Aujourd’hui retraitée, elle s’investit bénévolement à la faculté et reste active au sein de l’Assemblée générale d’ULB-Coopération.
"J’ai découvert le CEMUBAC/ULB-Coopération à travers mes fonctions à l’université, et c’est en 2001, grâce au professeur Michel Hanock, que je suis devenue membre active du Service Laïque de Coopération au Développement (SLCD). Il m’a initiée à la coopération universitaire, et cette implication a pris racine depuis.
La coopération universitaire me passionne, et après la fusion entre le CEMUBAC, le SLCD et le SEDIF, j’ai naturellement poursuivi mon engagement. Faire des dons et participer à l’opération 11.11.11 pour sensibiliser la faculté me semblait essentiel.
Parmi les projets d'ULB-Coopération, ceux de la santé au Nord-Kivu, dans un contexte fragile, et les activités au Burkina Faso, devenu mon 'pays de cœur', m’ont particulièrement marquée. J’ai contribué à plusieurs initiatives, dont la création de l’École de pharmacie de l’Université de Ouagadougou dans les années 1990, essentielle pour former des pharmaciens burkinabè.
Un souvenir fort reste notre visite à Oueguedo, le village d’origine de l’époux de feu Marie-Soleil Frère, directrice de recherche à l’ULB et membre du Conseil d’administration d’ULB-Coopération. Touchée par les conditions de vie de la population locale et leur désir de développer leur centre de santé, notre équipe a voulu aider. Grâce à ULB-Coopération, qui a obtenu un financement pour développer ce centre à travers le projet Padesco, nous avons pu concrétiser cette aide, qui malheureusement, a été interrompue suite aux conditions sécuritaires qui se sont dégradées ces dernières années.
J’espère que le rapprochement entre ULB-Coopération, l’ONG de Liège et l’Université de Mons, permettra de multiplier les projets et renforcera la collaboration. J’aimerais que l’ONG soit plus visible au sein de l’université, afin de mobiliser davantage les étudiants et le personnel autour de ses activités, à travers par exemple des événements ou des échanges."
Chantal Potvliege
Chantal Potvliege, médecin aujourd’hui retraitée, a consacré une décennie de sa carrière au Service Laïque de Coopération au Développement (SLCD), avec une expérience marquante au Burkina Faso. Depuis son retour en Belgique en 2003, elle apporte un soutien précieux à notre coopération, notamment dans les domaines de la santé et de l’agroéconomie en RDC.
Comment avez-vous découvert le Service Laïque de Coopération au Développement (SLCD) ?
Après avoir terminé mes études de médecine, j'ai souhaité partir en Afrique. J'ai envoyé mon CV à plusieurs organisations, dont le SLCD, qui a rapidement accepté ma candidature. J'ai passé plus ou moins 10 ans sur le terrain, notamment à Barsalogho, au Burkina Faso, où j'ai contribué au développement d'un district sanitaire. Nous avons réhabilité un centre médical avec une antenne chirurgicale ainsi que des centres de santé périphériques, avec mon homologue le Dr Patrick Kabore alors médecin chef du district. Cela a pu se faire grâce à la politique de décentralisation des soins de santé de l’état Burkinabé avec l’appui de l’OMS et l’appui du SLCD. Ce fut une expérience unique et enrichissante.
Depuis combien de temps soutenez-vous ULB-Coopération et qu’est-ce qui vous a encouragé à continuer votre soutien au fil des années ?
Je soutiens ULB-Coopération depuis mon retour en Belgique en 2003, au siège du SLCD, il s’agissait d’encadrer des projet de santé et aussi agro-économique en RDC. Ce qui me motive à continuer à soutenir ULB-Coopération, c'est le travail remarquable et l’engagement pour le développement durable des populations, que l’ONG défend.
Quels projets ou initiatives d’ULB-Coopération vous ont le plus marquée ou inspirée ?
Les initiatives liées au système alimentaire durable (SAD), particulièrement au Burkina Faso, m'ont marquée. C'est un pays qui fait face à des défis alimentaires majeurs, et ces projets sont essentiels. La méliponiculture, qui permet de générer des revenus supplémentaires, est une initiative particulièrement inspirante. En tant que donatrice, je suis sensible à tous les projets qui aident les populations à améliorer leur revenu pour accéder à la santé et à l’éducation. Il y a aussi tout le travail réalisé pour former les acteurs de terrain afin d’améliorer la prise en charge des bénéficiaires.
Quelle est votre vision pour l'avenir d’ULB-Coopération ?
Je souhaite qu'ULB-Coopération continue sur la voie engagée, entre autres, en soutenant les populations de l'Est de la RDC, où les défis sont nombreux, entre exactions et conflits armés. Le soutien à la santé et à l’agroécologie me semble crucial, comme à l’époque du CEMUBAC et du SLCD. Sans oublier les autres projets ailleurs en RDC ,au Sénégal et au Burkina Faso. Il est essentiel que l'organisation continue à recevoir des fonds pour mener à bien ses actions. Son savoir-faire et sa longue expérience dans les zones concernées sont un atout indéniable pour ces populations.
Avez-vous des anecdotes à partager ?
J'ai vraiment apprécié mon expérience au Burkina Faso. Les Burkinabè sont des personnes extrêmement positives et chaleureuses. La première année a été un peu hésitante, car il a fallu du temps pour qu'ils apprennent à me connaître, mais ensuite tout s'est déroulé à merveille. À force de recevoir une poule à chaque visite de village en signe de bienvenue, j’ai même fini par avoir un grand poulailler ! Apres chaque vacances en Belgique au retour il n’y avait plus de poules….il y avait eu la grippe aviaire ! Quelques famille ont dû en profiter et c’était très bien comme ça.
Myriam De Spiegelaere
Médecin engagée dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités de santé et ancienne enseignante à l’École de santé publique à Érasme, Myriam De Spiegelaere est membre du Conseil d’Administration d’ULB-Coopération depuis le début des années 2000 et a, depuis lors, participé à plusieurs missions de soutien aux systèmes de santé en République démocratique du Congo.
Comment avez-vous connu le CEMUBAC/ULB-Coopération ?
J'ai terminé ma thèse de doctorat relativement tard, en 1998, car j'avais entrepris de nombreuses autres activités auparavant. J’ai toujours travaillé sur des thématiques liées à la lutte contre la pauvreté et les inégalités de santé, principalement en Belgique. C'est mon directeur de thèse, le Professeur Philippe Hennart, alors directeur du CEMUBAC, à l’époque, qui m'a proposé de rejoindre d'abord l'Assemblée Générale, puis le Conseil d'Administration au début des années 2000.
Depuis combien de temps soutenez-vous ULB-Coopération, et qu'est-ce qui vous a encouragé à continuer ?
Mon soutien est surtout d'ordre moral et administratif, via mon engagement au Conseil d'administration, bien plus que financier. Je ne suis pas une donatrice importante, excepté pour des initiatives ponctuelles comme l'opération 11.11.11 ou en reversant le solde des comptes de recherche que j'avais à l'ULB. L'idée de ce récent don a d'ailleurs été initiée par Michèle Dramaix, professeur à l’École de santé publique et membre du conseil d’administration du Cemubac puis d’ULB-Coopération lorsqu'elle est partie à la retraite.
Quelles initiatives ou projets d’ULB-Coopération vous ont le plus marquée ?
Je ne connais pas tous les projets en détail, car nous n'avons pas l'occasion de nous réunir souvent au sein du Conseil d'administration. Cependant, j'ai eu l'occasion de m’impliquer plus particulièrement dans les missions en RDCongo, où j'ai été très impressionnée par le courage de l'ONG à soutenir les autorités publiques, un soutien difficile en raison des problèmes de corruption et de complexité administrative. Cette approche diffère d’autres organisations présentes sur le terrain, qui préfèrent gérer leurs projets indépendamment. Pour moi, le fait de soutenir les autorités locales témoigne d'un véritable engagement en faveur d'un changement durable.
Avez-vous une anecdote marquante à partager de vos missions ?
Lors d’une mission à Kinshasa, un médecin du projet m'a raconté comment il avait été contraint de payer des « pots de vin » suite à un emprisonnement arbitraire. Ce témoignage m'a sensibilisée aux difficultés du quotidien dans un contexte de corruption omniprésente. J'ai également été marquée par la rigueur d’un infirmier d’un centre de santé qui, malgré des conditions de travail particulièrement fastidieuses, complétait systématiquement les 44 registres différents imposés. Ces expériences m'ont fait prendre conscience de la réalité complexe et exigeante dans laquelle travaillent les agents locaux.
Quelles sont vos attentes pour l'avenir d’ULB-Coopération ?
Je crains parfois qu’ULB-Coopération devienne trop dépendante de gros bailleurs de fonds, ce qui pourrait limiter sa capacité à répondre aux vrais besoins des populations locales. Je souhaiterais que l'organisation reste à l'écoute de la société civile et des ambitions propres aux pays du Sud, au-delà des exigences des bailleurs. Cependant, j’ai une grande confiance dans le management de l’ONG, qui met un point d’honneur à préserver l’aspect humain dans sa gestion malgré la croissance de la structure. J'espère qu’iels continueront à favoriser la formation et les échanges, car je crois profondément que le développement des pays passe par la créativité et l'initiative de leur propre population.
Récemment, j'ai eu l'occasion d'échanger avec l’équipe d’Eclosio. J'ai ressenti une forte connivence entre nos approches respectives, car les valeurs de coopération et d’engagement humain sont également au cœur de leur mission. Cela me rassure sur la direction que peut prendre ULB-Coopération. Néanmoins, il est essentiel de garder en tête cet équilibre entre croissance et proximité, pour éviter que l’expansion de l’organisation ne nuise aux liens avec les communautés locales et à la durabilité des actions.
Y a-t-il des éléments supplémentaires que vous aimeriez aborder ?
Je pense qu'il serait bénéfique de créer un comité scientifique où des académiques et chercheurs des universités et des acteurs/chercheurs du terrain pourraient se réunir pour discuter de questions de manière plus approfondie. L'échange entre disciplines est essentiel, surtout dans un domaine aussi complexe que le développement, où les idées évoluent constamment. Cela pourrait également permettre de décloisonner les pratiques et d'apporter des perspectives nouvelles aux projets de coopération.