Projets : quelle place pour le genre ?
Comment intégrons-nous la dimension genre dans nos actions ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain ? Quels sont les succès dont nous pouvons nous réjouir ? C’est ce qu’a cherché à savoir la Communauté d’apprentissage et pratiques sur le genre (CAP Genre), menée par Anne Depret, responsable qualité, et Julie Berthelier, référente Genre, dans le cadre d’Uni4Coop. Durant 10 séances, réparties sur un an et demi, des membres d’ULB-Coopération, d’Eclosio, Louvain Coopération et leurs partenaires ont échangé sur les pratiques mises en place en lien avec la thématique, notamment :
- L’égalité Femme / Homme
- La place du genre dans les projets des systèmes d’alimentation durable
- La place du genre dans les projets de santé
- Les indicateurs de genre dans les projets
- Les villages genre
- La masculinité positive
Grâce à une technique d’animation appelée “co-développement”, les participant·es ont identifié ensemble des problématiques vécues dans le cadre de leurs projets et ont proposé ou mis en avant des solutions concrètes.
Nos partenaires Étoile du Sud et Si Jeunesse Savait ont ainsi présenté les « villages genre », créés à Kinshasa et Goma, en République démocratique du Congo, afin de réduire, voire éliminer, les injustices, inégalités et exclusions liées au genre. Il en existe de deux types : les villages genre scolaires, installés dans des écoles pour lutter contre les violences basées sur le genre (VBG) subies par les élèves (filles et garçons) et les villages genre implantés dans des quartiers (20 à 50 ménages), qui visent à offrir un espace de dialogue aux parents et aux enfants afin de lutter ensemble contre les VBG. Pour les premiers, les écoles ont instauré une série de mesure pour favoriser la prise en compte du genre, comme le renforcement du comité des élèves, l’implantation de boîtes à plaintes en synergie avec les activités physiques et sportives pour gérer les cas sensibles ou encore le renforcement des capacités des encadrant·es. Cette approche a soulevé de nombreuses questions sur la mise en œuvre et l’impact du dispositif ainsi que l’implication de la population.
Les participant·es de la CAP Genre ont également mis en évidence le manque d’espace accordé aux femmes dans les prises de parole en public et les prises de décisions, ou encore le manque de ressources pour protéger les femmes vulnérables, par exemple dans les hôpitaux pour séparer les patients masculins des femmes enceintes. Ils et elles ont toutefois constaté une participation accrue des femmes dans les projets, ce qui démontre un changement dans les comportements et attitudes.
La CAP Genre s’est clôturée en juin 2024. Elle aura permis de créer des échanges et des ponts entre contextes socio-culturels et thématiques très différents, mais aussi de faire émerger de nouvelles idées pour développer la dimension genre. « Je suis satisfait… il y a un vrai co-développement et je m’inspire des autres collègues », a déclaré un des participants. « J’ai beaucoup appris sur la façon d’initier le changement dans les communautés bénéficiaires », a conclu une autre.