Témoignage : santé néonatale à Kinshasa
Dans la poursuite de la collaboration entre ULB-Coopération et le service de néonatologie de l’hôpital Erasme, Bénédicte Limbourg, qui y est infirmière depuis 21 ans, s’est récemment envolée pour la République démocratique du Congo (RDC). C’est sans hésitation qu’elle a choisi de s’engager auprès des hôpitaux de la plateforme hospitalière en RD Congo, un environnement qu’elle avait déjà pu observer par le passé.
“J’ai grandi à Kinshasa, et durant mes études, j’avais l’idée de pouvoir retourner au Congo et de travailler là-bas. L’occasion s’est présentée, et je me suis dit que c’était maintenant ou jamais !”
On sait que la néonatologie est un enjeu important en RDC, puisque la prématurité est l’une des premières causes de mortalité chez les nouveau-nés et les enfants de moins de 5 ans[1]. Les naissances prématurées requièrent une attention soutenue et des soins appropriés, sans lesquels des complications graves peuvent apparaitre. Le manque de fiabilité du système de santé, des lacunes en termes d’équipements médicaux ou de formation du personnel soignant sont quelques facteurs explicatifs d’un taux de décès élevé.
Durant sa mission, Bénédicte est allée à la rencontre des soignants pour échanger autour de leurs besoins et de leurs motivations, afin de construire un projet commun améliorant le système néonatal. C’est en observant les pratiques au sein des centres de néonatologie qu’elle a pu constater plusieurs facteurs importants. “Il est souvent difficile de déterminer avec certitude le nombre de semaines de gestation”, nous rapporte-t-elle. “La prise en charge est très différente de celle que l’on connait en Belgique, au vu du manque de matériel, le personnel est obligé de beaucoup fonctionner avec l’observation”. De plus, “par rapport aux naissances prématurées, les attitudes sont parfois fatalistes, peut-être parce que les liens n’ont pas encore été créés, contrairement à un enfant plus âgé qui serait malade, ou encore un père ou une mère”. L’infirmière d’Erasme souhaiterait renforcer la méthode kangourou et l’intégration de la mère dans les soins du tout-petit, pour ainsi mieux ancrer ces premiers liens. Sur la plan physique, cette méthode de peau-à-peau “permet au bébé prématuré de réguler sa fréquence respiratoire et son rythme cardiaque, de garder sa chaleur, d’être sécurisé, elle favorise la montée de lait maternel, l’envie d’aller au sein ainsi que l’attachement et l’envie de survivre”.
La néonatologie reste aujourd’hui mal connue dans le pays. “C’est une part de la médecine à laquelle peu de gens se sont intéressés, j’ai eu le sentiment qu’elle était un peu mise de côté”. En dépit du temps que cela prendra, “je suis persuadée qu’un renforcement peut augmenter la qualité de vie et l’espérance de vie des bébés prématurés”. Ces premiers moments d’échange et de co-construction avec les personnels de Kinshasa ont conforté Bénédicte dans l’importance de s’investir pour des changements durables.