Témoignage : soutenir les actions d’ULB-Coopération à l’Hôpital de Goma
Armonie Van Brabant est infirmière et complète actuellement sa formation par un Master en santé publique à l’ULB. Notre équipe de Goma a eu la chance de l’encadrer durant un stage de deux mois à l’Hôpital Provincial du Nord-Kivu (HPNK). Plus précisément, c’est Agnès Echterbille, infirmière de formation également, qui l’a accompagnée et orientée.
Toutes deux partagent un grand souci du patient, et c’est tout naturellement que la thématique approfondie durant le stage a été « l’approche centrée sur le patient », par ailleurs un des axes transversaux de nos projets en santé. Le mouvement pour instiller cette dynamique relationnelle entre les personnels de santé et les patients est en cours à l’HPNK depuis plusieurs mois. C’est une culture d’entreprise en pleine construction. L’apport précis d’Armonie a été de coconstruire avec les équipes des outils de sensibilisation adaptés.
Deux idées ont ainsi pu se concrétiser : une affiche qui est aujourd’hui dans plusieurs services, en « version soignants » et « version patients » et une vidéo de sensibilisation qui passe sur l’écran d’une salle d’attente, en français et en swahili. Après quelques semaines d’observation, les contours se dessinaient. Des entretiens individuels avec les soignants, les patient·es, ont ensuite affiné le contenu. Des discussions informelles avec les équipes ont encore précisé les choses pour construire adéquatement l’affiche et la vidéo. Le message global est de prendre en compte les besoins du patient, au-delà de son besoin d’être soigné physiquement. C’est ainsi que communiquer clairement un diagnostic est essentiel, expliquer une posologie est indispensable, etc. C’est, réciproquement, aussi une invitation aux patient·es à poser des questions aux équipes soignantes. Aujourd’hui, il reste à chacun, chacune à s’approprier ces petits outils pour que pas à pas les patient·es se sentent de plus en plus en confiance. Le changement de posture se poursuit !
L’expérience professionnelle d’Armonie en tant qu’infirmière en Belgique (« petite expérience », précise-t-elle) a aussi été saisie par les équipes soignantes de l’hôpital de Goma, particulièrement en soins intensifs et en néonatalogie, pour dialoguer sur les bonnes pratiques et apprendre réciproquement. Le grand respect d’autrui qui anime Armonie a certainement contribué à son insertion fluide dans la vie de l’hôpital, c’est une belle et importante qualité à l’heure de réaliser un stage. Des échanges féconds ont suivi et ont bénéficié à toutes et tous, soignant·es, accompagnant·es et patient·es. Si les pratiques médicales gomatraciennes ont évolué, les représentations que notre stagiaire se faisait d’une équipe de soins intensifs du Sud ont tout autant changé !
Divers sujets ont titillé la curiosité de notre stagiaire et demandent exploration, compréhension, recherche. Par exemple la préférence marquée pour le recours à la technologie dans des situations où en Belgique, des méthodes plus douces sont préconisées. Il en va ainsi du peu de contacts (sans parler du peau-à-peau) entre les prématurés et leur mère. Le contexte est un facteur explicatif : salle commune et gestion donc moins aisée des problèmes, taux de mortalité plus haut et donc craintes plus fortes de décès, moindre capacité technologique de répondre adéquatement en cas d’urgence/de détresse… Comment optimiser le bien-être des parents et des bébés dans le cadre que posent ces contraintes ?
La vie n’étant que rarement un long fleuve tranquille au Kivu, le stage s’est terminé un peu abruptement, des annulations de vols retour ayant forcé les adieux à être avortés. Peut-être est-ce là l’excuse idéale pour revenir plus tard à Goma ? Les portes sont manifestement ouvertes !
