10 ans d’ULB-Coopération : Vincent Litt
« UNE TERRE D’AVENTURES HUMAINES »
De la fusion entre le SLCD, le SEDIF et le CEMUBAC, je retiens une impression
de courant d’air, de fenêtre ouverte sur le monde. À notre arrivée rue des Pierres,
il y régnait une atmosphère de fête et de renouveau, une odeur de café frais et de
biscuits sortis du four. Nous avons été accueillis à bras ouverts par des membres de
notre famille que nous connaissions à peine. Nos horizons se sont élargis, on parlait
de terres, de terroirs, d’animation, de pays peu connus, de projets que nous ne
maîtrisions pas. La fusion a soufflé de l’air frais dans nos couloirs d’hôpitaux et nos
fichiers d’information sanitaire. Puis, nous avons construit notre avenir ensemble au
campus de la Plaine, un singulier open-space qui nous éloignait du centre-ville mais
nous rapprochait du cœur de l’Université.
Les projets santé sont restés principalement centrés sur la RDC. La fusion a
permis d’approfondir les démarches plus inspirées des sciences sociales et de la
recherche-action. De belles ouvertures se sont créées au Kivu et à Kinshasa. Les
personnels de santé congolais accumulaient toujours les difficultés de soigner les
gens sans beaucoup de moyens, mais, avec les équipes d’ULB-Coopération, nous
avons « inventé » quelques innovations qui nous ont sortis des routines arrivées
parfois au bout du rouleau.
Que de discussions passionnées à Goma, à Kirotshe, à Bukavu, à Kinshasa et
à Bruxelles ! Fallait-il projeter nos désirs de soins de santé au top et chercher les
ressources pour y arriver ou fallait-il faire au mieux avec ce que nous avions ? Ce
dilemme ne nous a jamais quittés ! Fallait-il poursuivre des objectifs en termes
épidémiologiques ou plutôt des objectifs de développement de services de proximité
le plus auto-financés possible ? Le débat n’est sûrement pas clos ! Le contexte
sécuritaire n’a pas souvent été favorable à la prise de telles décisions mais nous
avancions, parfois tête baissée, sans laisser tomber les bras !
Il y a huit ans, je quittais notre toute jeune institution pour une retraite d’écriture,
de travail de la terre, de randonnées, de vie de famille. Je pense souvent à vous du
terrain et du siège. Vous êtes bien trop nombreux pour que je vous cite tous un à
un, une à une ! Avec ces lignes, vos visages défilent devant mes yeux, j’entends vos
rires et vos coups de gueule. Pour moi, ULB-Coopération a été une terre d’aventures
humaines, avec beaucoup de joies et quelques rares fâcheries.
Plus les contextes sont difficiles, plus nous devons innover. Ensemble, nous avons
osé prendre des risques. Tout cela, je ne l’oublie pas.
Je vous remercie de tout mon cœur pour les instants passés avec chacune et
chacun d’entre vous.
Vincent Litt, médecin et anthropologue, ancien chargé de projets santé du CEMUBAC puis d’ULB-Coopération