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30/10/24

Le potentiel économique du système agroforestier de Kisantu analysé par Maëlle Le Bars

Les forêts du bassin du Congo sont en proie à une importante dynamique de déforestation, particulièrement causée par l’extension des activités agricoles et l’exploitation des ressources ligneuses. La République démocratique du Congo abrite une part importante de ces forêts. Le pays, connaissant une forte croissance démographique (+ 3,2%), est également très dépendant du bois-énergie. Autour de Kinshasa s’étend un bassin d’approvisionnement important se caractérisant par une quasi disparition de la ressource boisée et une savanisation du milieu sur plusieurs centaines de kilomètres.

Afin de limiter son expansion et ses effets sur les systèmes agricoles et de répondre aux besoins des grands centres urbains, le projet Mampu a été initié il y a environ 30 ans. Il consistait à diffuser un système agroforestier intégrant la manioc et l’Acacia spp. à travers une friche arborée productive. Il a ensuite été largement diffusé dans le pays, sous différentes formes et particulièrement au Kongo-Central par le projet Makala. L’objectif était de répondre à la demande en charbon toujours croissante, tout en améliorant le revenu des agriculteurs et en diminuant la pression sur les écosystèmes forestiers.

Entre mars et juillet, Maëlle Le Bars, étudiante de l’ISTOM, une école d’ingénieur en agro-développement international, a réalisé une étude afin d’identifier et de caractériser les systèmes de culture pratiqués par les agriculteurs de la périphérie de Kisantu et de comprendre comment l’Acacia spp. y était intégré. Elle a procédé en plusieurs étapes : analyse du paysage, entretiens exploratoires pour comprendre les dynamiques agricoles, entretiens sur les performances technico-économiques des systèmes de culture. Appuyée par notre équipe Kongo-Central et accompagnée d’un traducteur/chauffeur et guide, l’étudiante a ainsi effectué de nombreuses sorties sur le terrain durant 4 mois afin de réaliser des entretiens avec des agriculteurs de différents villages et des mesures au champ. Grâce aux données récoltées, des indicateurs ont été calculés afin de comparer les différents systèmes.

Une première observation a été de constater la présence de l’Acacia spp. dans le paysage et sous différentes formes illustrant différents types d’appropriation (3 sous-systèmes ont pu être décrits). De plus, il semble que le processus de diffusion et d’appropriation de ces systèmes agroforestiers soit toujours en cours sur le territoire.

Les résultats ont ensuite montré qu’aujourd’hui, les systèmes agroforestiers intégrant l’Acacia spp. ne se distinguent pas des autres systèmes habituels (manioc et cultures associées, et maraichage) d’un point de vue économique. Cependant ils se pratiquent pour d’autres intérêts qui leurs sont reconnus, tels que la sécurisation de la terre et des friches, la création d’un capital sur pied ou encore la diversification des produits. Ces systèmes participent aussi à la création d’emplois pour une main d’œuvre et/ou sans terre.

Parallèlement, des processus d’intensification des systèmes de culture ont pu être remarqués, en raison de la forte croissance démographique et de la pression sur le foncier. Cette étude permet maintenant de se questionner sur la place de l’Acacia spp. au sein de ces processus d’intensification à l’avenir.