Transfusion de savoirs
Juvénal Paluku est infirmier titulaire des centres de santé dans la zone de santé de Butembo, située au Nord-Kivu (RDC). Notre projet PADISS (projet d’appui au développement intégré du système de santé) lui a permis de se spécialiser en Belgique, en suivant un Master inter-universitaire en médecine transfusionnelle (transfusion sanguine). 365 jours de travail assidu après, les connaissances de l’Université libre de Bruxelles (ULB), l’Université Catholique de Louvain (UCLouvain) et de l’Université de Liège (ULiège) engrangées, Paluku s’apprête à rentrer au pays afin de mettre ses nouvelles compétences au profit de la population du Nord-Kivu et du personnel du Centre de transfusion sanguine de Butembo. Ce dernier, initialement construit en 2010, a été considérablement agrandi et réhabilité en 2018. Il est le centre névralgique de la transfusion pour 2 millions de personnes. Trois autres centres de transfusion sanguine se trouvent dans la province, pour un total de presque 8 millions d’habitants. Transfuser s’avère nécessaire dans de très diverses situations, le fait notable est que dans cette zone tropicale, près de 50 % des transfusions réalisées sont dues au paludisme.
La transfusion sanguine se schématise en deux pôles : celui du donneur et celui du receveur. Le Centre de transfusion sanguine, côté donneur, se charge de faire la promotion des dons, de recruter les donneurs, de collecter le sang. Ici, ce sont l’amélioration de la gestion des dons, la qualité du sang, et la préparation et la conservation des composants sanguins qui sont les thématiques travaillées. Du côté du receveur se trouve l’hôpital qui, lui, gère la banque de sang, organise les examens hématologiques, supervise la traçabilité et règle les actes transfusionnels. Chaque stade du « circuit » du sang requiert une attention particulière, contient des risques spécifiques et peut se voir améliorer.
Cependant, les conditions de travail du Nord-Kivu sont très éloignées de celles que Paluku a découvertes dans ses cours ou durant son bénévolat à l’hôpital Mont Godinne. Un véritable défi pour lui sera de s’assurer de l’adaptabilité des outils et méthodes apprises ici dans un contexte local. Le manque de stabilité électrique (et ses conséquences sur la chaîne du froid), le sous-équipement chronique des structures de santé, l’insuffisance de la formation du personnel sont autant de contraintes qui viendront cadrer la transférabilité des nouveaux savoirs.
En août dernier, Paluku a défendu son mémoire et a obtenu une grande distinction ! Nous lui présentons toutes nos félicitations et lui souhaitons bon vent pour cette nouvelle expérience qui l’attend à Butembo.