Une charte pour protéger le Parc National du Niokolo-Koba
Engager les populations pour la préservation d’un parc national en péril, c’est le pari du processus d’élaboration d’une charte de bonne gouvernance des ressources naturelles à la périphérie du Parc National du Niokolo-Koba
Dans le cadre de son programme de promotion des Systèmes Alimentaires Durables au Sénégal et de ses projets effectués dans la région du Sénégal Oriental, ULB-Coopération s’est penché sur la question de la gestion des ressources naturelles à la périphérie de l’une des plus grandes aires protégées en Afrique de l’Ouest, le Parc National du Niokolo-Koba (PNNK).
Depuis 2007, le parc est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO. En effet, sa richesse écosystémique est menacée par le braconnage, la déforestation, la cueillette et la pêche non-réglementés, les feux de brousse non-contrôlés, et l’exploitation minière, notamment l’orpaillage. Ces activités illicites sont menées à la fois par des acteurs étrangers et les populations vivant à la périphérie du parc, pour subvenir à leurs besoins alimentaires. Ces populations ont généralement peu de sources de revenus et ne sont pas sensibilisées à la nécessité d’exploiter durablementles ressources, aux limites des aires protégées, et à leur importance pour la conservation de l’écosystème local. Aujourd’hui, la surexploitation des ressources mène à l’assèchement de marres, au manque de ressources forestières, et au rapprochement d’animaux tels que les lions, panthères, et hyènes à la recherche de gibier près des villages.
Ainsi, en collaboration avec la Direction des Parcs du Sénégal, l’association locale Am Bé Koun-Solidarité et l’Universté Cheikh Anta Diop de Dakar, ULB-Coopération a proposé la mise en place d’une charte de bonne gouvernance des ressources naturelles à la périphérie du Niokolo-Koba. L’objectif de cette charte est de rassembler les différents services techniques en charge de la gestion des ressources et les populations des 14 communes voisines du parc autour d’un modèle de prise de décision et gestion des conflits participatif et inclusif, afin d’assurer une meilleure conservation du Parc et des aires protégées qui l’entourent tout en assurant à la population un accès aux ressources.
L’élaboration de la charte comprendra un effort de sensibilisation des populations sur l’importance de la conservation, ainsi que des formations pour un meilleur engagement dans les activités de conservation telles que la prévention de feux de brousse. L’identification et le développement d’activités génératrices de revenus telles que l’apiculture est aussi en cours afin d’assurer une exploitation durable des ressources pour subvenir aux besoins des populations tout en réduisant la pression sur le parc.
Les ateliers ont commencé en février 2023 dans une commune pilote, à Linkering, où les populations des villages à la frontière avec le PNNK, ainsi que la forêt classée et la réserve naturelle communautaire de la commune, ont été invitées à établir un premier diagnostic des problèmes de gestion et des solutions existantes. La charte sera développée au cours d’une série d’ateliers au sein de la commune, avec pour objectif d’étendre graduellement ces ateliers aux autres communes de la périphérie. A terme, la charte permettra ainsi de mieux protéger le parc et – soyons optimistes – de le retirer de la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO !